Hasardeuse rencontre. [Vincent]

Le vent. Tantôt caresses, tantôt violence, il est libre d'aller ou il veut, quand il le veut. Toujours persévérant, il ne disparaît jamais vraiment, toujours là pour venir s'insinuer, insidieusement, près de nous et nous surprendre lorsque l'on ne s'y attend plus.

Je revenais du parc, tranquillement. J'y avais fait un tour, pour me détendre. Il y avait des jours où l'envie me prenait d'aller à l'extérieur, alors que personne n'aurait osé mettre le nez dehors. Les jours où la pluie tombait drue, ou lorsque l'orage grondait. En fait plus généralement, j'adorais être au centre des intempéries. Je ne savais pas vraiment d'où cela me venait mais jamais cela. Aujourd'hui le vent soufflait. Et il ne faisait pas semblant. De violentes bourrasques soufflaient là en bas. Et on en entendait les hurlements par les fenêtres pas toujours très bien isolées. Tantôt violent tantôt plus doux aujourd'hui il semblait colérique et facilement irritable. Ainsi parfois il vous heurtait si fort que la sensation de s'envoler n'était pas loin. J'avais donc fait un tour du parc, avec juste mon uniforme. Bah oui, j'étais sortie de suite en sortant de cours et trouvant le parc vide je n'avais eu l'envie d'aller mettre un pantalon. Il me manquait ma cape, heureusement, sinon là c'était sur j'aurais appris à voler sans balais... Si j'avais mon sac aussi, calé sous mon bras, il n'était pas plein donc léger et peu dérangeant, malgré le vent. Enfin. Mes cheveux ne ressemblaient plus qu'à une tignasse emmêlée, sans forme et je tâchais en revenant à l'intérieur d'y remettre un minimum d'ordre. Tirant, passant mes doigts dans ceux-ci.

Puis, de douleur, je laissais tomber. Je n'étais pas du genre douillette, mais la combinaison du fait que je tire sur mes mèches, plus celle de laisser mes bras en l'air pendant trois plombes était suffisant pour que j'arrête. Je n'étais pas du genre maso, la douleur si je pouvais l'éviter c'était tant mieux. Je n'avais pas vraiment envie de retourner de suite à la salle commune. Non, je n'avais pas cours pour le moment. Si j'avais un cours en fin d'après midi, et oui je comptais y aller. Mais je voulais aussi profiter de mon temps libre. Puis j'eus une idée. Loin d'être une idée de génie, elle était quand même loin d'être idiote. La lecture était quelque chose d'assez relaxant, histoire d'oublier quelques temps les nombreuses choses qui prennent la tête. Mais comme j'avais fini mon dernier livre, il me fallait en trouver un autre. Du couloir attenant au hall, je pris donc la direction de la bibliothèque.

Sainte, et sacrée bibliothèque où je passais beaucoup de temps. C'était là, l'assurance d'avoir du silence pour travailler, des ouvrages autres que leurs livres de cours, plus tout un tas de romans et autres genre de lecture qui permettaient de passer le temps. Même si c'était loin de la merveilleuse détente qu'offrait le sport. C'était déjà bien. Je marchais donc tranquillement dans le couloir, sur de moi. Il n'y avait personne, je ne risquais donc pas une quelconque maladresse et comme je ne comptais pas parler donc je ne risquais pas de faire une gaffe. Un sourire doux ornait mes lèvres, ce genre de sourire qu'on arbore lorsqu'on est calme et serein. Car oui j'étais calme et sereine. Et il en aurait fallu beaucoup pour venir changer cela. J'entrepris de nouveau de dompter mes cheveux que je sentais d'une organisation d'enfer et lorsque je me rendis compte que c'était peine perdu je jurais dans ma barbe. Alors je m'arrêtais au milieu du couloir pour ouvrir mon sac. Une fois fait, je me remis en route, marchant plus lentement, fouillant dans mes affaires à la recherche d'un élastique. Un pas après l'autre, progressant lentement, je finis par mettre la main sur un élastique détendu et cassé, je refermais mon sac et repris mon chemin d'un pas normal. Je joignis les doux bouts séparés afin de faire un nœud. C'est là que j'entendis les pas. Je n'arrivais pas à déterminer exactement d'où ils venaient. J'étais dans un couloir qui résonnait pas mal et j'arrivais à un croisement.

J'entrepris de m'attacher les cheveux le visage d'abord légèrement levé vers le haut et à présent tourné vers le bas, je m'arrêtais juste avant de rentrer dans quelqu'un mon regard attiré par un mouvement. Ainsi je n'étais pas folle, il y avait bel et bien quelqu'un qui marchait. Je relevais le regard, pour voir à qui j'avais affaire, mon sourire ne quittant pas les lèvres. Je laissais aussi mes bras retomber le long du corps, une fois mes cheveux attachés. Et je finis par dire:

« Salut. »

Si j'étais étonnée je ne le laissais guère paraître. En face de moi se tenait un serpentard, les couleurs de son uniforme ne trompaient pas. Et si, j'étais bien une gryffondor, donc oui je n'appréciais pas plus que cela les serpentards, mais tant qu'il ne me déclarait pas une guerre ouverte, je n'avais aucune raison d'être sur la défensive. Il y en avait bien quelque uns que je ne pouvais pas carrer tant ils étaient abrutis, orgueilleux et méchant. Mais lui, je ne le connaissais pas. Enfin, de nom puisqu'il venait de se présenter mais pas plus que cela. Je n'étais pas du genre informée sur les grandes familles et les soi disant nobles qui peuplaient le monde de la magie. Bon, ok, j'étais censée l'être mais juste censée... Ainsi je n'aurais pas su dire s'il était ou non issu d'une famille respectable, mais pour moi cela ne changeait pas grand chose. Moi je faisais parti de ces gens là, et alors? J'en faisais pas un fromage, hein... Enfin je me rendais bien compte que ma façon de penser était... décalée ou du moins qu'elle n'était pas partagée par tout le monde. Pourtant tout aurait été tellement plus simple...

Il avait prétendu être enchanté mais j'avais du mal à le croire.... Je portais les couleurs de ma maison, il semblait évident qu'il avait repéré que j'étais une lionne. Et si ce n'était pas le cas j'avais beaucoup de peine à croire qu'un serpentard puisse être enchanté de faire une quelconque rencontre... A moins qu'elle puisse lui être utile et comme on ne se connaissait pas j'avais peine à voir en quoi j'aurais pu lui être utile. Donc je doutais fortement de ses dires. Cependant je répondis quand même:

« Moi également, Vincent. Je suis Elyon Connors. »

Moi je l'étais. Enchantée s'entend. Pour le moment, il ne m'avait pas semblé méchant, j'avais bien vu passé le sourire ironique sur ses lèvres et je ne voulais pas en connaître la raison. Il était libre de penser ce qu'il désirait cela ne me concernait que peu. Mais j'aimais faire de nouvelles rencontres. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises celles-ci permettaient de progresser sur le chemin de la sagesse. Car c'était à travers les autres que l'on apprenait.

Dehors le vent soufflait toujours. Il avait repris violent et hurlant, telle un loup affamé ou le plus dangereux des monstres. Et le ciel noir ne semblait rien augurer de bon. Pourtant je n'avais pas peur. Pourquoi? Je n'en savais rien. Peut-être aurais-je du redouter de me retrouver ici, en plein milieu d'un couloir désert avec en face de moi un serpentard? Peut-être. Mais ce n'était pas le cas. Le sourire toujours ornant mes lèvres, je me demandais s'il fallait que je passe mon chemin ou si le jeune homme qui se trouvait face à moi serait disposé à parler un peu plus. Mais bon, il ne fallait pas rêver, hein, c'était un serpent. Et c'était populaire que les serpents ne savaient faire qu'une seule chose: pourrir les lions. Ce que nous leur rendions bien, d'ailleurs. Pourquoi se laisser faire? Mais cette gueguerre n'était pas pour arranger les affaires du monde extérieur. Pourquoi entretenais-je le fol espoir que si les maisons ici réussissaient à s'entendre les monde extérieur pourrait faire de même? C'était improbable. Vu comme nous étions parti... Je ne savais comment cela allait se finir, mais je devais avouer que cela m'angoissait un peu.

Attendre. C'était là tout ce que nous pouvons faire, nous simple poudlarien. Mais quelques intrigues ici n'auraient pas été pour me déplaire histoire de nous divertir et peut-être même de détendre l'atmosphère qui pesait sur le château. Nous nous inquiétions tous pour nos familles. Allions nous les retrouver pour les prochaines vacances? J'essayais de ne pas trop penser à tout cela. Mais bon. C'était quand même pas facile facile. Je finis par reposer mon regard qui avait filé à l'extérieur sur le jeune homme que j'avais délaissé un moment pour mes rêveries et dit:

« J'ai quand même peine à croire que tu le sois réellement... »

Mon sourire serein se transforma en sourire en coin. Ma phrase n'avait rien de méchant ou d'agressif. Mon sourire non plus. Je ne faisais que constater ce que je pensais histoire de voir s'il était décidé à parler ou s'il allait passer son chemin...