Stars, Moon & Chocogrenouilles ! [ Pv Harry ]

Préfet Gryffondor Nombre de messages : 1174 Date d'inscription : 25/12/2008

Réveil difficile chez les Gryffondor, ce matin-là. D'une nature peu chaleureuse, Ron était d'autant plus grognon le matin, attaquant la moindre personne qui se risquerait à lui adresser un mot. Il avait toujours eu ce besoin d'émerger en douceur, sans être assailli de questions stupides du genre ' T'aurais pas vu mes chaussettes ? ', auxquelles il répondait, quand il était mal luné, par un verre d'eau en plein visage, qui généralement était assez mal accueilli par la victime. Malgré ces levers très animés, tous oubliaient ces légers malentendus une fois rassasiés et retrouvaient la bonne humeur après avoir jeté un coup d'oeil sur les sabliers, où les rubis s'empilaient les uns sur les autres, à la limite même de faire exploser le sablier dans lequel ils étaient contenus. Cependant, ce jour là plus qu'un autre, le plus jeune des garçons de la fratrie Weasley restait irritable, très irritable, même, et l'influence du soir qui tombait doucement n'avait apparemment aucun effet sur lui. Ni en colère, ni chagriné, il ne parvenait simplement pas à sourire, bien qu'il eut la chance d'assister à l'un des plus beaux coucher de soleil d'Ecosse. Ah, ce maudit soleil, ce qu'il pouvait le haïr ! Il se couchait le soir, subitement, abandonnant les plaines à une lune bien morne, et revenait le matin, taper dans les vitres, heureusement voilées par des rideaux. Ruminant les mêmes phrases depuis qu'il avait ouvert les yeux, Ron trouva appui sur un mur et se mit à penser ( si si ). Pour une fois, il ne s'agissait pas de nourriture ou de Quidditch, mais du danger. Au plus les années passaient, au plus il se rendait compte de ce qui menaçait le monde magique, de ce qui menaçait Poudlard et, en fait, de ce qui le menaçait lui. Parfois, il lui arrivait de se demander ce que serait sa vie s'il n'avait pas été s'asseoir dans ce compartiment, ce jour-là. Est-ce qu'il aurait une vie paisible, est-ce qu'il serait pour autant plus à l'abri qu'aujourd'hui de Lord Voldemort et de son armée ? Probablement pas.

*" Je serais simplement moins informé "*, se disait-il.

Tantôt lucide, il appréhendait ce jour où le ministère tomberait aux mains des mangemorts et où lui, Harry et Hermione devrait partir, courir après la mort avant qu'elle-même ne les traque. Bien qu'il n'eut jamais l'impression d'être courageux, les songes qui masseraient dans un coin de son crâne auxquels il accordait tant de temps l'aidait à reprendre confiance en lui. Peut-être percevait-il ces réflexions comme un lourd entraînement, le préparant à un combat plus mental que physique. Troublant l'uniformité du ciel nocturne, une lourde brume rosée s'échappa au loin, émanant à-priori d'un bosquet d'arbres de la forêt interdite. Sa curiosité attisée, il réfléchit une dizaine de secondes et accepta l'idée que ce phénomène n'avait rien de particulier, si ce n'était qu'un rassemblement de centaures faisant griller de la mauve douce au milieu d'une clairière. Finalement, la pensée que d'autres êtres vivants soient encore éveillés à cette distance de lui le réconforta. Il avait toujours détestée la solitude, à un tel point qu'il lui arrivait d'ensorceler des tasses pour qu'elles se mettent à danser, comblant ce manque d'activité autour de lui. Etre né dans une famille nombreuse apportait ses avantages, aussi. Le bonheur d'entendre des voix dans chaque pièce, de se sentir protégé et aimé valait sans doute les multiples maux de tête endurés chaque été, lorsqu'il était en compagnie de la joyeuse bande des Weasley. Souvent, Ronald imaginait la vie avec une bourse un peu mieux remplie. Certes, ses livres ne seraient plus d'occasion et il changerait de balai chaque année, mais cela n'invoquerait-il pas quelques changements ? Son arrière grand-oncle Perceval, travailleur émérite et pourtant bien pauvre, répétait sans cesse que ' ceux qui en ont le plus en donnent le moins, et inversement, mon garçon ! Hic ! '. Une citation qu'à vrai-dire, tous saluaient d'un signe de tête approbateur sans vraiment y réfléchir. Maintenant qu'elle revenait flotter dans son esprit, il devait avouer qu'elle n'était pas totalement fausse. S’il prenait l’exemple de Malefoy, par exemple … Il ne faisait aucun doute qu’il ne donnerait jamais la moindre pièce à un mendiant, ou même qu’il en jetterait une dans la fontaine du ministère.

C’était tellement mieux de faire une belle donation à Poudlard pour essayer d’avoir tous les professeurs dans la poche ! Oh, ce qu’il aimait maugréer sur le compte de ce vaurien ! Hmm, malgré tout cela, il était consternant de dire que tous les riches étaient prés de leurs sous. Il en voulait pour exemple Harry, qui lors de leur premier voyage à bord du Poudlard Express n’avait pas lésiné sur les gallions, emportant pour eux seuls le chariot complet de la vendeuse. De bons souvenirs, tout cela … A présent, l’énorme horloge située à l’arrière de la salle d’astronomie indiquait 22h13. Déjà trois heures qu’il était là, sans se lasser de voir ce même paysage qui accueillait ses iris lors de nostalgies passagères, préférant noyer son regard dans le Parc du château plutôt que de se passer la corde au cou. Soudain, alors que la moindre once de stress avait quittée son corps, un cri résonna dans les entrailles du bâtiment. Puis des rires, des rires hystériques semblable à ceux de Bellatrix Lestrange se firent entendre, suivis de prés par des gloussements. Il ne put en déduire qu’une seule chose : les adolescents du collège étaient vraiment puérils. D’autant plus qu’à cette heure, Rusard faisait sa ronde, et le meilleur moyen d’alerter son attention ainsi que celle de Peeves était bel et bien d’hurler. Ron, qui aurait d’habitude sauté au plafond en sachant qu’il était si tard, gardait la tête froide, notamment grâce à cet insigne de préfet qui brillait sur sa poitrine. La baguette coincée derrière l’oreille, cette manie toute nouvelle lui venait de Luna Lovegood, avec qui l’escapade en forêt, qui l’avait fait suer à grosses gouttes, n’avait eut d’autre effet que celui de faire monter la jeune Serdaigle dans l’estime du Gryffondor.

Instinctivement, en se rappelant la première fois où il l’avait vu, il ne put réprimer un rire, revoyant parfaitement les boucles d’oreilles en forme de radis suspendues à ses oreilles. Et dire que Ginny était l’une de ses seules amies … Sa sœur cadette avait toujours eu tendance à jouer les mères Thérésa, venant au secours des plus faibles et incendiant leurs bourreaux avec tous les sortilèges de son répertoire. Sacrée fougue, pour quelqu’un d’aussi jeune. Elle lui rappelait sans cesse sa mère, autoritaire et dédaigneuse à souhait quand elle décidait de faire la tête. Ce qu’elle pouvait parler … Pire que Fred et George réunis. Pourtant, eux aussi, ils avaient la langue bien pendue ! Mais la fabrication de leurs farces et attrapes devait leur prendre beaucoup trop de temps pour avoir le temps de papoter avec tout le monde. Alors qu’il était pris d’un élan d’affection pour la totalité de ses proches, un bruissement le fit sursauter. La porte de l’étage inférieur venait de grincer, et déjà des pas se faisaient entendre sur les marches encombrées de l’escalier. Pivotant sur ses talons, Ron aperçut un énorme globe terrestre, derrière lequel il entreprit de se cacher, pensant sans doute que cette mystérieuse silhouette appartenait au concierge. Mais avant qu’il n’ai le temps d’attendre sa cachette, un haut carton lui barra le passage, le forçant à s’écraser sur le sol avec une grâce discutable.

Invité

Lumos!

Ron! Tu fais quoi ici?

Préfet Gryffondor Nombre de messages : 1174 Date d'inscription : 25/12/2008

Plus de peur que de mal, dit-on. Enfin, là, pas vraiment. Le visage à moitié écrasé sur le plancher et un clou rouillé lui piquant le coude, il avait quand même de quoi se plaindre. On ne pouvait pas vraiment dire à Ronald Weasley qu'il était douillet [ si l'on exclut la nourriture ], mais tomber à cause d'un vieux carton et tout cela devant un public, ce n'était pas forcément son occupation favorite. Demeurant immobile quelques minutes, comme s'il essayait de se fondre dans le décor, il se décida finalement à se hisser sur ses longues jambes et, remis de ses émotions, se trouva nez à nez avec Harry. Epoussetant la poussière qui avait profitée de sa chute pour se répandre sur sa robe, il jeta un oeil furtif à son meilleur ami, qu'il soupçonnait de l'avoir pris en filature. Pourquoi le chercher ici ? Premièrement, Ron détestait l'astronomie. Nullement poète, il ne trouvait aucun plaisir à regarder les étoiles et encore moins à fixer un tube de verre une demi-heure pour voir une planète sur laquelle il n'irait jamais. En plus, le professeur Sinistra lui avait interdit de remettre les pieds ici avant la prochaine éclipse de Saturne, soit lors de son 31 ème anniversaire. Il n’avait pas coutume de se rendre ici, dans cette tour poussiéreuse au plafond si bas que les miniatures de planètes y étant suspendues menaçaient de vous faire une belle bosse si vous ne faisiez pas attention. Car, oui, loin de se contenter de piteux instruments de plastiques, le professeur d’astronomie avait demandé à Dumbledore de lui fournir le tout en verre, « pour sensibiliser les élèves à la matière ». Ajoutons à cela que cet enseignant était d’une maladresse mémorable, qui usa à lui seul trois centaines de gallions, uniquement pour son matériel qui, si l'on regardait bien, ne servit qu'à lui-même et au petit nombre de 7 ème anneé qui acceptèrent encore de suivre son cours. Toujours était-il qu'un silence plus ou moins pesant essayait de s'installer entre les deux compères. N'ayant pas envie de paraître soucieux, Ron passa à côté de Harry en lui tapotant l'épaule, puis partit s'asseoir face au vide, entamant une justification.

- " Bah ... Je me demandais si les elfes étaient encore aux cuisines, à cette heure-ci. Ouais, j'ai faim, tu peux pas t'imaginer ! J'ai décidé de faire un régime spécial moi. Quatre repas par jour, pour changer ! Pré-petit-déjeuner, petit déjeuner, déjeuner et dîner ! Qu'est-ce que t'en pense ? Justement, ça va bientot être l'heure de mon pré-petit-déjeuner ... "

Depuis quelques jours, l'estomac du Gryffondor semblait avoir triplé de volume. Il mangeait deux fois plus qu'avant sans pour autant avoir plus de devoirs, passant et repassant dans la grande salle à la recherche de nourriture. Ce comportement, lui valant de la part de Ginny le merveilleux petit nom de ' gouffre à pain ', choquait la plupart de ses amis, de Neville à Hermione en passant par les joueurs de Quidditch. Là encore, inutile d'ajouter qu'il n'en avait fichtrement rien à faire. Au moment même où il pensait ré-enchérir avec une question, un grognement bien distinct s'échappa, semblant provenir de son propre ventre. L'air de rien, il fixa un point imaginaire à l'horizon et parla à Harry, le dos tourné.

- " Hey, commment tu as su que j'étais là ? "

Silence. Puis, soudain ...

- " JE SAIS ! La carte du maraudeur, pas vrai ? "

Loin de se douter qu'Harry avait agit à l'instinct simplement pour le retrouver, il se focalisait sur l'idée d'être suivi, surveillé & tout le tralala. Son cerveau, cherchant à vive allure la raison qui poussait Harry à venir le trouver, s'arrêta net lorsque l'effleura la pensée que, probablement, cela avait un rapport avec Lord Voldemort. Se battre ? Lever une armée ? Partir en mission secrète ? Tant de possibilités qui mettaient à rudes épreuves les nerfs de Ron, de faibles tremblements trahissant son excitation. Les yeux pétillants, il se tourna vers celui que tous appelaient l'élu.

- " Alors ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Dumbledore t'as dis quelque chose, ou bien, quoi ? "

A dix lieux de se douter qu'il était hors sujet, je vous dis ... Les aiguilles continuaient leur course folle, sur le cadran, tandis que les heures défilaient, nappant le ciel d'un ton plus sombre encore, pour le faire renaître pastel à l'aube et de nouveau l'éteindre quand le soleil s'en irait.
Les pupilles dilatées, Ronald Weasley imprima une dernière fois la vaste étendue de la forêt, avant de lentement fermer les yeux, comme pour les user le moins possible.

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